La diarrhée et les troubles du tube digestif : comprendre, prévenir et agir

16.09.2025
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Introduction : pourquoi parler de la diarrhée ?

    La diarrhée et les troubles du tube digestif.. Introduction : pourquoi parler de la diarrhée ?
La diarrhée est un sujet que nous préférerions éviter lors d’une conversation, et pourtant c’est un phénomène très courant qui touche tout le monde, du nourrisson au senior. Parler de ce trouble du tube digestif, c’est démystifier des symptômes souvent banals mais parfois sérieux, comprendre les mécanismes en jeu et apprendre comment réagir. Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon pratique, accessible et concret pour reconnaître les différents types de diarrhée, savoir quoi faire à la maison, quand consulter un professionnel et quelles mesures de prévention adopter au quotidien et en voyage. Vous trouverez aussi des tableaux et des listes pour synthétiser l’information et des étapes claires à suivre si vous ou un proche êtes concernés.

Qu’est-ce que la diarrhée ?

La diarrhée se définit comme une augmentation de la fréquence des selles et/ou une consistance plus liquide des selles. Ce terme couvre des réalités très différentes : des épisodes courts et bénins qui disparaissent en quelques jours, aux formes prolongées qui entraînent une déshydratation et nécessitent une prise en charge médicale. Le tube digestif, constitué de la bouche à l’anus, participe à la digestion et à l’absorption des nutriments et de l’eau ; quand ce système est perturbé — par une infection, une inflammation, une intolérance alimentaire ou un médicament — l’équilibre hydrique et électrolytique peut être rompu, provoquant diarrhée et troubles associés.

Types de diarrhée

La classification la plus utile en pratique se fait selon la durée et la cause probable :

  • Diarrhée aiguë : généralement d’apparition soudaine, dure moins de 14 jours. Fréquente en cas d’infection (virus, bactéries, parasites) ou d’intoxication alimentaire.
  • Diarrhée persistante : entre 14 et 30 jours, peut nécessiter des investigations plus poussées.
  • Diarrhée chronique : dure plus de 30 jours, oriente vers des causes comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, les troubles fonctionnels (syndrome de l’intestin irritable), ou des malabsorptions.
  • Diarrhée sécrétoire, osmolaire, inflammatoire ou motrice : ce sont des mécanismes physiopathologiques qui expliquent la nature des selles et guident le diagnostic.

Causes courantes des troubles du tube digestif

Il existe une grande variété de causes ; les plus fréquentes sont répertoriées ci-dessous. Comprendre la cause probable permet d’adapter la prise en charge.

Cause Exemples Remarques
Infections Rotavirus, norovirus, E. coli, Salmonella, Campylobacter, Giardia Souvent accompagnées de fièvre, crampes, vomissements. Infection virale très fréquente chez l’enfant.
Médicaments Antibiotiques, antiacides contenant du magnésium, laxatifs Les antibiotiques peuvent aussi favoriser une surinfection (Clostridioides difficile).
Alimentation et intoxications Aliments contaminés, lactose, fructose, excès d’alcool ou d’aliments gras Intolérances ou ingestion d’aliments avariés.
Affections inflammatoires Maladie de Crohn, rectocolite hémorragique Souvent signes chroniques : perte de poids, sang dans les selles, fatigue.
Troubles fonctionnels Syndrome de l’intestin irritable (colopathie fonctionnelle) Alternance diarrhée/constipation, douleur liée au transit.
Malabsorption Maladie cœliaque, pancréatite chronique Selles grasses, perte de poids, carences nutritionnelles.

Signes et symptômes associés

Les symptômes variables accompagnant la diarrhée permettent d’orienter la gravité et la cause :

  • Selles liquides fréquentes, parfois urgentes.
  • Douleurs abdominales ou crampes.
  • Fièvre (surtout pour les infections bactériennes ou virales).
  • Vomissements associés (favorisent la déshydratation).
  • Sang ou mucus dans les selles (signe d’inflammation).
  • Signe de déshydratation : soif intense, bouche sèche, urine foncée, fatigue, vertiges, chez l’enfant pleurs sans larmes.
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Quand considérer la diarrhée comme une urgence ?

Plusieurs situations nécessitent une consultation médicale urgente ou un passage aux urgences. Voici une checklist pratique :

  • Signes de déshydratation sévère : incapacité à boire, faible production d’urines ou absence d’urine pendant plusieurs heures, léthargie, somnolence.
  • Sang abondant dans les selles ou selles noires (méléna).
  • Fièvre élevée persistante (ex. > 38,5–39 °C selon tolérance) ou fièvre avec frissons intenses.
  • Vomissements incoercibles empêchant tout apport hydrique.
  • Douleurs abdominales intenses et localisées, signes de péritonite.
  • Symptômes chez un nourrisson, une personne âgée, ou une personne immunodéprimée.
  • Diarrhée après un voyage dans une zone à risque ou après consommation d’un aliment suspect, surtout si accompagnée de fièvre marquée.

Prise en charge étape par étape (que faire à la maison)

Voici un plan simple et concret, étape par étape, pour gérer la plupart des épisodes de diarrhée aiguë à la maison.

  1. Restez hydraté : la priorité est de compenser les pertes liquidiennes. Buvez régulièrement de petites gorgées si vous avez des nausées. Les solutions de réhydratation orale (SRO/ORS) sont la meilleure option pour remplacer l’eau et les électrolytes perdus.
  2. Continuez l’alimentation si possible : contrairement à une idée répandue, il est généralement conseillé de ne pas jeûner longuement. Optez pour une alimentation légère et progressive (voir plus bas les aliments à privilégier).
  3. Évitez certains aliments et boissons : produits laitiers (sauf si bien tolérés), boissons sucrées, boissons alcoolisées, aliments gras et frits, édulcorants de type sorbitol et mannitol.
  4. Repos et hygiène : reposez-vous et pratiquez une hygiène stricte pour éviter la transmission si l’origine est infectieuse (lavage des mains, désinfection des surfaces).
  5. Médicaments : certains médicaments comme le paracétamol peuvent être utilisés pour la fièvre ou les douleurs ; les antidiarrhéiques en vente libre (par ex. lopéramide) peuvent aider à limiter les épisodes chez l’adulte mais doivent être utilisés avec précaution et ne conviennent pas si fièvre élevée ou sang dans les selles. Ne donnez pas de bismuth ou d’aspirine aux enfants sans avis médical.
  6. Surveillez l’évolution : si les symptômes ne s’améliorent pas en 48–72 heures, ou s’aggravent, consultez.

Recette pratique d’une solution de réhydratation orale maison

La solution recommandée par l’OMS peut être préparée facilement si vous n’avez pas d’ORS commercial :

  • 1 litre d’eau potable
  • 6 cuillères à café de sucre (environ 30 g)
  • 1/2 cuillère à café de sel (environ 2,5 g)

Mélangez jusqu’à dissolution complète. Cette solution aide à rétablir l’équilibre hydrique et les électrolytes. Attention : ne pas ajouter plus de sucre ou de sel que indiqué. Pour les nourrissons, la meilleure option reste l’ORS spécifique pédiatrique disponible en pharmacie et le maintien de l’allaitement maternel.

Alimentation pendant et après la diarrhée

Reprendre une alimentation adaptée permet d’améliorer le confort et la récupération. Voici des recommandations simples :

  • Aliments à privilégier : bouillons clairs, riz blanc, pommes de terre bouillies, bananes, compotes de pomme, pain grillé, carottes cuites. Ces aliments sont doux, faciles à digérer et favorisent un apport énergétique suffisant.
  • Protéines légères : viandes maigres bien cuites, poulet, poisson vapeur, œufs (sans excès).
  • Produits laitiers : certains adultes peuvent tolérer le yaourt nature (contenu en probiotiques). En cas de suspicion d’intolérance au lactose, évitez temporairement le lait.
  • Aliments à éviter : aliments gras, épicés, crus (salades non lavées), fritures, produits laitiers riches en lactose, boissons gazeuses et sucrées.
  • Hydratation continue : en plus des SRO, prenez de l’eau, des bouillons et des tisanes non sucrées.

Rôle des probiotiques et des remèdes naturels

Les probiotiques (certaines souches de Lactobacillus, Bifidobacterium, Saccharomyces boulardii) ont montré un effet bénéfique pour réduire la durée de la diarrhée aiguë d’origine infectieuse dans plusieurs études, surtout s’ils sont donnés tôt. Cependant, tous les produits ne se valent pas, et l’efficacité dépend de la souche et de la posologie. Chez les personnes immunodéprimées, prudence et avis médical.

Parmi les remèdes maison :

  • Bananes, compote de pomme, riz et pain grillé (BRAT) : aliments traditionnels faciles à digérer.
  • Thé au gingembre ou à la menthe : peut soulager les nausées et les crampes.
  • Éviter l’usage excessif d’antiseptiques intestinaux sans avis médical.
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Gardez en tête que les remèdes naturels peuvent apporter un confort, mais s’ils retardent une prise en charge nécessaire, ils peuvent être néfastes.

Médicaments : ce qu’il faut savoir

    La diarrhée et les troubles du tube digestif.. Médicaments : ce qu'il faut savoir
Quelques classes de médicaments sont utilisées dans la prise en charge, mais elles doivent être employées avec discernement :

  • Antidiarrhéiques (ex. lopéramide) : réduisent le transit et la fréquence des selles. Indiqués pour les diarrhées aiguës non fébriles et sans sang chez l’adulte. Contre-indiqués en cas de suspicion d’infection invasive ou chez l’enfant sans avis médical.
  • Subsalicylate de bismuth : utile contre certaines diarrhées du voyageur, mais déconseillé chez l’enfant (risque de syndrome de Reye) et chez les personnes allergiques à l’aspirine.
  • Antibiotiques : seulement si une infection bactérienne spécifique est identifiée ou fortement suspectée (ex. Campylobacter, Shigella, certaines infections à E. coli), et sur prescription médicale. L’utilisation inappropriée peut favoriser la résistance et provoquer des complications (C. difficile).
  • Antispasmodiques : peuvent soulager les douleurs abdominales, à utiliser selon la tolérance et les contre-indications.

Avant de prendre un médicament, lisez les notices et demandez l’avis d’un professionnel, surtout pour les enfants, personnes âgées et femmes enceintes.

Diagnostic et examens complémentaires

Si la diarrhée est sévère, prolongée ou associée à des signes inquiétants, le médecin peut proposer :

  • Analyse de sang : bilan inflammatoire, bilan hydro-électrolytique, fonction rénale.
  • Coproculture et recherche de parasites dans les selles : utiles après un voyage ou si suspicion de cause bactérienne/parasitaire.
  • Test de recherche de sang occulte ou endoscopie (coloscopie) : en cas de diarrhée chronique ou sang dans les selles.
  • Tests de malabsorption (ex. recherche de Giardia, tests de la fonction pancréatique, anticorps pour maladie cœliaque).

Ces examens aident à orienter un traitement spécifique et à exclure une affection chronique.

Prévention : gestes simples au quotidien

Beaucoup de diarrhées infectieuses sont évitables par des mesures simples :

  • Hygiène des mains : se laver les mains régulièrement, surtout après être allé aux toilettes et avant de manipuler des aliments.
  • Préparation et conservation des aliments : cuire correctement, éviter le cross-contamination, conserver les aliments à bonne température.
  • Eau potable : boire de l’eau sûre, traiter l’eau en voyage si nécessaire (filtration, traitement chimique ou ébullition).
  • Vaccinations : le vaccin contre le rotavirus est recommandé en pédiatrie dans de nombreux calendriers vaccinaux et réduit fortement les hospitalisations pour diarrhée chez l’enfant.
  • Prudence en voyage : éviter glaçons, crudités mal lavées, fruits non pelés dans certaines zones, et préférer les boissons embouteillées.

Diarrhée chez le nourrisson et l’enfant

Chez le nourrisson et le jeune enfant, la diarrhée est particulièrement préoccupante en raison du risque de déshydratation rapide. Les points importants :

  • Continuer l’allaitement : le lait maternel protège et aide à la réhydratation.
  • Utiliser des SRO pédiatriques : disponibles en pharmacie, adaptées aux besoins du nourrisson.
  • Surveiller les signes d’alarme : absence de larmes, fontanelles déprimées chez le nourrisson, moindres urines (couches sèches), somnolence, vomissements persistants.
  • Consulter rapidement si l’enfant présente du sang dans les selles, de la fièvre élevée, ou s’il refuse de boire.

Particularités chez la personne âgée et l’immunodéprimé

Ces populations ont un risque accru de complications :

  • Déshydratation et déséquilibre électrolytique plus fréquents.
  • Surveillance médicale renforcée : faible réserve physiologique, prise de médicaments (diurétiques, anti-inflammatoires) qui peuvent aggraver la situation.
  • Les infections opportunistes ou bactéries résistantes sont plus probables ; le seuil de consultation doit être bas.

Voyage, travail et diarrhée des voyageurs

La diarrhée du voyageur est fréquente et généralement bénigne, mais elle peut gâcher un séjour. Quelques conseils pratiques :

  • Hydratation et SRO en cas de diarrhée.
  • Prévention : boissons embouteillées, éviter glaçons, bien cuire les aliments, fruits pelés, éviter les buffets douteux.
  • Traitement de première intention : antidiarrhéiques symptomatiques si absence de fièvre et de sang, et consulter si persistance. Emportez un kit de voyage contenant sels de réhydratation et éventuellement un antidiarrhéique après avis médical.
  • Vaccinations et prophylaxie : se renseigner avant le départ (vaccin typhoïde, hépatite A, rotavirus chez les enfants selon destination).

Tableau récapitulatif : symptômes, causes probables et actions immédiates

Symptômes Causes probables Actions à faire immédiatement
Diarrhée soudaine, sans fièvre Intoxication alimentaire, virus Hydratation, SRO, alimentation légère, surveiller
Diarrhée avec fièvre et crampes Infection bactérienne Consulter si fièvre élevée ou sang, éviter antidiarrhéiques sans avis
Diarrhée chronique, perte de poids Malabsorption, IBD, maladie cœliaque Consulter pour bilans et examens (sang, selles, endoscopie)
Diarrhée avec vomissements importants Gastro-entérite aiguë SRO, petits volumes fréquents, consulter si refus de boire
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Mythes et idées reçues

De nombreuses idées reçues persistent :

  • «Il faut couper toute nourriture» : le jeûne prolongé n’est pas nécessaire ; une alimentation progressive est mieux tolérée.
  • «Les antidiarrhéiques sont toujours bons» : ils masquent les symptômes mais ne traitent pas la cause; dangereux si infection invasive.
  • «Les antibiotiques guérissent toutes les diarrhées» : non, la plupart des diarrhées sont virales et ne réagissent pas aux antibiotiques, qui doivent être utilisés avec discernement.

Conseils pratiques au quotidien

Quelques astuces simples pour mieux vivre un épisode de diarrhée :

  • Prévoyez une bouteille d’eau et des SRO à la maison, surtout si vous avez des enfants.
  • Équipez votre trousse familiale : antiseptique, paracétamol, SRO, thermomètre, et pour les voyages, pochettes de SRO individuelles.
  • Soignez l’hygiène des surfaces et des vêtements souillés pour limiter la contagion.
  • Tenez un journal des aliments si vous suspectez une intolérance alimentaire ; cela aidera le médecin pour le diagnostic.

Quand et comment consulter un professionnel de santé

Si vous ressentez des signes d’alerte, ne tardez pas à consulter. Lors de la consultation, le médecin s’appuiera sur :

  • L’interrogatoire : durée, fréquence des selles, présence de sang, vomissements, voyage récent, contacts contagieux, traitements en cours.
  • L’examen clinique : signes de déshydratation, douleurs abdominales, fièvre.
  • Les examens complémentaires adaptés (sang, selles, éventuellement imagerie ou endoscopie).

Il est utile d’annoncer la prise de médicaments récents (antibiotiques, anti-inflammatoires) et les antécédents digestifs (maladie inflammatoire, chirurgie).

Approche à long terme : gérer les troubles chroniques du tube digestif

Si la diarrhée revient régulièrement ou devient chronique, une prise en charge globale est nécessaire. Elle peut inclure :

  • Examens pour rechercher une maladie inflammatoire ou une malabsorption.
  • Adaptation du régime alimentaire (régime sans gluten si maladie cœliaque, régime faible en FODMAPs en cas de SII).
  • Traitements spécifiques (anti-inflammatoires, immunosuppresseurs pour certaines maladies inflammatoires, enzymes pancréatiques si insuffisance).
  • Soutien diététique et suivi médical régulier.

Points clés à retenir

  • La priorité en cas de diarrhée est l’hydratation : utilisez une solution de réhydratation orale si nécessaire.
  • La majorité des diarrhées aiguës se résolvent en quelques jours avec des mesures simples, mais des signaux d’alerte exigent une consultation rapide.
  • Évitez l’automédication inappropriée ; les antibiotiques et certains antidiarrhéiques ne conviennent pas à toutes les situations.
  • La prévention repose sur une hygiène stricte, une sécurité alimentaire et des vaccinations selon les recommandations.

Ressources et informations complémentaires

Pour approfondir, vous pouvez consulter des sources fiables comme les sites des agences de santé nationales, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les recommandations sur la réhydratation, ou parler avec un pharmacien pour des conseils pratiques sur les solutions de réhydratation et les médicaments disponibles localement. En cas de doute, votre médecin traitant reste l’interlocuteur principal pour établir un diagnostic et un plan de prise en charge adapté à votre situation.

Conclusion

La diarrhée et les troubles du tube digestif sont fréquents mais souvent gérables si l’on connaît les bons réflexes : rester hydraté, adopter une alimentation adaptée, surveiller les signes d’alerte et consulter lorsque c’est nécessaire. Prévenir par l’hygiène, la sécurité alimentaire et la vaccination quand elle est indiquée réduit fortement le risque d’épisodes graves. Si vous traversez un épisode qui vous inquiète — surtout pour un enfant, une personne âgée ou une personne immunodéprimée — ne retardez pas la consultation, car une prise en charge rapide évite généralement les complications.